Aujourd’hui, nous recevons Alain BERRIAU, directeur du bureau d’étude en Eau et Assainissement AGGRA Concept , qui nous parle de son activité, de son lien avec ECHOBAT Développement, et de sa vision de l’écoconstruction.

Bonjour Alain. Pouvez-vous nous présenter votre structure et votre activité ?

AGGRA Concept est un Bureau d’études d’ingénierie de l’eau et de l’environnement qui existe depuis bientôt 10 ans. Pour ce qui est de l’eau , AGGRA Concept apporte des solutions autour de l’hydraulique urbaine. Nous dimensionnons par exemple des bassins d’orage, des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales… Pour l’assainissement, nous apportons des solutions aux questions liées à l’eau, au traitement de l’eau.

AGGRA Concept est

l’« architecte de l’assainissement »

AGGRA Concept répondra à la demande d’un particulier qui n’a pas d’assainissement, qui n’est pas raccordé au tout-à-l’égout, mais aussi à des marchés publics pour des collectivités qui ont besoin d’une station d’épuration, que nous allons dimensionner et concevoir. Enfin, des entreprises agroalimentaires, des exploitants agricoles, des établissements recevant du public ou des industriels sont aussi nos clients :  en concevant la station adaptée à la dimension de chaque projet, AGGRA Concept est l’ « architecte de l’assainissement ». Au niveau environnemental, nous accompagnons tous les projets dès leur amorçage. Lors d’un projet d’implantation d’une zone d’activité par exemple, avant même sa création, il faudra évaluer si, du point de vue environnemental, elle peut se mettre en place. En pratique, AGGRA Concept ne construit pas. Nous produisons donc des rapports, des notes de calcul, des études d’impact environnemental, des inventaires, des dossiers réglementaires au titre de la Loi sur l’Eau…  Nous intervenons en amont d’un projet, qui lui, sera tout à fait concret. 20140603_102344 Notre structure, AGGRA Concept, est composée de 5 personnes : 4 collaborateurs et moi-même, répartis sur deux sites : nous sommes présents à Chantonnay, en Vendée, et à Héric, en Loire Atlantique. Nous intervenons principalement sur les Pays de la Loire, mais aussi en Bretagne, Charente Maritime, Dordogne … Nous sommes tellement mobiles que nous travaillons jusque dans le Lot-et-Garonne, dans la Somme, et même à l’étranger ! L’équipe est composée de bac+3 à bac+5, disposant de spécialités complémentaires et partageant de réelles valeurs du point de vue de l’environnement et de l’humain. C’est d’ailleurs prépondérant à chaque recrutement !  

Pourquoi avez-vous choisi de faire ce métier ?

Je suis scientifique dans ma démarche, c’est-à-dire très pragmatique. Nous devons aborder la terre avec humilité : la terre tournera même sans l’humanité. L’écologie, c’est espérer que l’homme puisse continuer à perdurer sur cette terre. J’ai choisi un métier qui, me rapprochant de mes sensibilités et de ma philosophie et faisant la part belle à la dimension humaine, puisse trouver des réponses concrètes aux enjeux d’aujourd’hui. Ce métier permet d’agir à différentes échelles, celle du particulier, de la collectivité, des entreprises. Intervenir sur des projets dont les enjeux sont de plus en plus importants, voilà l’ambition que porte AGGRA Concept.  

Que signifie AGGRA Concept ?

Le nom d’AGGRA vient du terme « aggradation », qui signifie « rendre vertueux ce qui ne l’était pas ». C’est le contraire de la dégradation. Dans un cycle, cela signifie valoriser la matière, considérer les eaux usées non plus comme un déchet mais comme une source d’énergie, qui puisse être réintégrée sous forme d’électricité, de chaleur ou d’engrais par exemple. Donc le nom de l’entreprise porte ces valeurs.  

Qu’appréciez-vous plus dans votre travail ?

J’aime particulièrement sa dimension humaine, sur des thématiques passionnantes : l’eau, l’environnement…  J’aime apporter des solutions pragmatiques : avec des particuliers par exemple, il faut chercher à ce que chaque situation ne soit vécue ni comme une contrainte, ni même seulement comme un coût, mais comme un enjeu (pour le territoire, pour la société…). L’empathie est une qualité indispensable pour y parvenir. Cela m’intéresse d’avoir des humains avec qui échanger, et même s’il peut y avoir des confrontations, nous devons trouver des solutions… J’apprécie d’aider à faire prendre conscience que chaque geste peut être dans l’intérêt de tous… tel le colibri !

« J’aime apporter des solutions pragmatiques.

L'empathie est une qualité indispensable pour y parvenir »

 

Quels sont les aspects que vous appréciez moins dans votre travail ?

Aujourd’hui, nous devons souvent expliquer ce qu’est un Bureau d’études, avant même de pouvoir commencer à travailler. Notre dynamique n’est pas toujours bien comprise. Même dans la filière BTP, les professionnels ont aussi du mal à percevoir notre action. On passe donc beaucoup de temps pour ça, c’est frustrant. Alors, en raison de cette méconnaissance, nous avons du mal à être reconnu. Notre façon de travailler est sous-évaluée. Pourtant, les projets existent aussi grâce à nos études !  Nous faisons partie de l’écosystème du bâtiment et du BTP, mais comme nous faisons de la prestation de services (nous vendons de la « matière grise » : des notes de calcul, du papier !), nous devons nous justifier. Il n’est donc pas toujours facile d’en vivre (1) .

« Nous faisons partie

de l’écosystème du bâtiment et du BTP »

Nous avons donc un réel travail à faire : vulgariser notre savoir, et surtout les enjeux de notre savoir. Être bien identifié / compris par nos collègues et par nos pairs, qui feront la promotion de notre activité, voici un enjeu de taille !  

Comment avez-vous connu le réseau ECHOBAT et que vous apporte votre participation dans le réseau ?

Avec un copain, Christophe Benoit (Maître d’œuvre - Ecohabitat 85 ), nous fréquentions depuis 10 ans les salons et les foires, et, avec nos petites bannières, nous étions identifiés comme des écolos aux idées « alternatives » ! Un jour il me dit qu’un réseau se mettait en place et qu’il fallait être coopté, mais que la dynamique était porteuse de vraies valeurs : « il faut qu’on y soit ! ». Aujourd’hui, ce réseau ne m’apporte pas tant une activité en tant que telle, mais les valeurs qu’il défend me concernent. Les copains en font partie, et ça m’intéresse de les accompagner, voire même d’y être force de proposition. Ce n’est pas ce réseau qui me fait vivre mais on a envie de faire partie de cette aventure, d’entendre ce qu’il s’y fait, d’évoluer en fonction des connaissances, de mieux connaitre le secteur de la construction, les autres métiers et les autres projets.

« Les valeurs défendues

par le réseau ECHOBAT

me concernent »

En résumé, j’ai connu ECHOBAT par un copain, et même si tous ne sont pas des copains, depuis la dernière Assemblée Générale Extraordinaire [décembre 2016] qui a réévalué les valeurs du réseau, et a incité chacun à s’y tenir, il sera d’autant plus facile de dire que toute personne qui en fait partie est un adhérent avec qui je partage des vraies valeurs.  

Votre structure, AGGRA Concept, est accompagné au sein de l’incubateur d’ECHOBAT Développement. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Dans chaque structure, des personnes portent des envies d’évoluer, d’innover dans leur profession. J’ai aussi eu envie d’apporter ma pierre à l’édifice, et ne pas être dans l’attente de solutions. J’appartiens au groupe « Métiers » où avait été évoqué, pour les porteurs d’initiative et de projet, la possibilité d’un accompagnement par ECHOBAT Développement. J’en ai parlé directement au directeur de l’association, afin de lui parler de mon projet. Celui-ci a présenté ma démarche au Conseil d’Administration, qui l’a validée par principe. L’incubateur d’ECHOBAT constitue pour moi la possibilité de rendre réaliste une idée, de passer à une autre échelle, étape par étape.

"L’incubateur d’ECHOBAT

constitue pour moi

la possibilité de rendre réaliste une idée"

En m’accompagnant sur l’étude de faisabilité, en me permettant de soumettre mon projet au regard d’autres professionnels, etc. ECHOBAT m’apporte la possibilité d’aller au bout de ce rêve, d’essayer des choses qui, techniquement, ne serait pas réaliste tout seul. Cela va faire trois ans que le projet OOTIUM (hydroéconomie et valorisation matières) est porté en interne, mais avec nos seules compétences. Maintenant, nous allons obtenir des vraies réponses, nous allons pouvoir débuter les expérimentations dans quelques mois, et peut être, si tout va bien, lancer une entité, être labellisé « entreprise innovante », créer des emplois, de la richesse pour un territoire, et apporter une réponse pragmatique à une nouvelle échelle (internationale).  

Quelle est ta vision de l’éco-construction  dans 10 ans ?

Aujourd’hui, il reste beaucoup à faire… Il faut encore vulgariser une pratique qui existe, mais qui reste marginale. Les autres habitudes, défendues par des industriels et les gros distributeurs, prennent beaucoup de place ! Pourtant, ils semblent regarder ces démarches avec distance, certes, mais aussi avec intérêt. Certains coûts, comme l’impact de certains polluants sur la santé, commencent à être intégrés dans la notion de prix. Les collectivités s’intéressent peu à peu à ces dynamiques créatrices d’emplois de proximité et de dynamiques locales. Je suis donc assez confiant, tout en sachant que cela demande beaucoup d’énergie ! Il faut être prêt à déplacer des montagnes ! Rien n’est acquis, c’est un combat de tous les jours, pour les professionnels comme pour les consomm’acteurs. Heureusement, au sein du réseau ECHOBAT, les entreprises rayonnent de l’énergie, et tant mieux, parce qu’il en faut !  

Un mot pour conclure ?

En défendant nos valeurs, n’oublions pas d’être intègres ! En adhérant à ECHOBAT, nous signons un règlement, une charte de bonnes pratiques, nous partageons tous une dynamique commune. Nous allons pouvoir continuer à avancer sur de bonnes bases !

Merci Alain pour cet entretien.

  (1) NDLA : Lire à ce propos l' entretien avec une ingénieure thermique , qui se pose les mêmes questions. (2) Dans la rubrique "Rencontre", découvrez aussi le portrait de Manuel Sorin , de l'association DEFII, qui fait partie du groupe Golfe des Pictons, et celui de Cyril Meunier, de la scop ABITABIO , du groupe Loire Anjou Touraine.