Batiscop 44 et le GAIN pour l’Emploi sont deux structures de l’écoconstruction solidaire et font partie du réseau ÉCHOBAT. Elles ont collaboré à de nombreuses reprises pour la mise à disposition de salariés en insertion sur des chantiers de Batiscop 44. Nous avons interrogé Laurent Crumbach, Gérant de Batiscop 44 , et Élodie Goueth, Coordinatrice au GAIN , afin qu’ils nous éclairent sur le fonctionnement de ces mises à disposition.  

Pouvez-vous nous présenter votre structure en quelques mots ?

Laurent Crumbach : Batiscop 44 est une SCOP (société participative et coopérative) de gros œuvre. Notre entreprise artisanale compte actuellement six salariés permanents.

Élodie Goueth :  Le GAIN est l’acronyme de Groupement des Associations Intermédiaires de Nantes Métropole. Ce groupement est composé de quatre SIAE :

  • Caap Ouest, à Saint-Herblain
  • Oser Forêt Vivante, à Rezé
  • Retz’Agir, à Machecoul
  • Solidarité Emploi, à La Chapelle-sur-Erdre

Nous centralisons les demandes de missions de la part des entreprises, mais également des collectivités et des associations. Nous leur expliquons le fonctionnement du groupement, nous leur indiquons le tarif puis nous transférons la demande de mission à l’association intermédiaire du territoire.

Pourquoi votre entreprise a-t-elle eu recours à une structure d’insertion par l’activité économique (SIAE) ?

Laurent Crumbach : Le système « classique » via les agences d’intérim ne nous permet pas de trouver notre bonheur en matière de recrutement. D’une part, les lourdeurs administratives représentent un frein lorsque nous recherchons du personnel de manière urgente. Et d’autre part, il y a actuellement un manque de main d’œuvre en maçonnerie et les agences d’intérim ne sont pas en mesure de nous proposer le personnel dont nous avons besoin.

Les SIAE nous offrent en revanche une solution adéquate pour des missions ponctuelles quand nous connaissons une surcharge de travail. C’est aussi important de le préciser : nous sommes une structure de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) et donc faire appel à des SIAE, elles-mêmes au cœur de l’ESS, a beaucoup de sens pour nous !

Et comment se déroule le processus lorsque vous faites appel au GAIN pour l’Emploi ?

Laurent Crumbach : Nous contactons le GAIN dès lors que nous avons un besoin de personnel. La démarche avec eux est très facile, il nous suffit d’un simple appel téléphonique ou d’un email. Nous leur précisons le lieu et la durée du chantier en question et leur indiquons en quoi consistera la mission afin qu’ils ciblent au mieux le personnel.

Le GAIN nous propose ensuite une personne et nous n’avons pas à gérer les détails administratifs. Nous recevons simplement en fin de mois une facture correspondant au temps de travail effectué, le coût horaire pour ce type de mise à disposition étant de 20€ HT.

C’est un système très souple. Dans notre cas, cela nous permet de répondre à des besoins ponctuels aussi bien pour de la manutention pendant deux heures, que pour une journée, voire une semaine.

De votre côté au GAIN, quel est le fonctionnement lorsqu’une entreprise fait appel à vous pour une mise à disposition ?

Élodie Goueth :  De façon très concrète, voici les étapes clés pour une entreprise du bâtiment comme Batiscop 44 :

  • L’entreprise contacte le GAIN et lui expose son besoin (tâches, lieu, durée, horaires, nombre de personnes recherchées).
  • Si l’entreprise a plusieurs chantiers sur des villes différentes, nous transférons aux associations intermédiaires concernées en fonction des lieux des missions. Cela évite à l’entreprise de contacter plusieurs structures.
  • Si une structure ne dispose pas du salarié adéquat, le GAIN peut transmettre la demande à une autre association intermédiaire membre du groupement GAIN.
  • L’association intermédiaire concernée par la demande prend le relais sur la partie administrative avec le salarié (recrutement, contrat de mise à disposition, contrat de travail et élaboration de la paie).
  • Le salarié est mis à disposition pour la durée convenue. L’entreprise est responsable de l’équipement en matériel nécessaire à la bonne réalisation de la mission et de l’encadrement durant toute la durée de la mission.
  • Le GAIN émet une facture mensuelle unique, quel que soit le nombre d’associations intermédiaires qui ont mis à disposition des salariés. L’entreprise reçoit ainsi un seul document à traiter. Le GAIN facture au temps réellement effectué par les salariés selon un tarif unique préalablement convenu avec l’entreprise, quelle que soit l’association intermédiaire.

De votre point de vue de chef d’entreprise, quels sont les avantages de mises à disposition de salariés en insertion ? Les inconvénients ?

Laurent Crumbach : Le premier avantage est réellement la simplicité . Le GAIN centralise nos demandes afin de trouver le bon profil tout en s’assurant de la proximité géographique du personnel par rapport à nos chantiers.

Le deuxième avantage est indéniablement la souplesse. Nous pouvons connaître des imprévus – arrêts maladie, modifications de planning – qui sont autant de risques de retards pour nos chantiers. Le GAIN est en mesure de nous proposer du personnel très rapidement, parfois la veille pour le lendemain.

Enfin, la très forte motivation du personnel en insertion qui nous rejoint sur nos chantiers est à souligner. Nous avons toujours en face de nous des personnes volontaires et dynamiques.

En revanche, les personnes sont souvent peu véhiculées ou n’ont pas le permis. Cela nécessite donc un peu d’organisation pour convenir d’un lieu de rendez-vous où récupérer le personnel pour le conduire sur le chantier.

Pour finir, comment se déroule le processus pour les salariés en insertion ? Quels sont les avantages pour eux de mises à disposition avec des entreprises ?

Élodie Goueth :  Prenons l’exemple de M. Dupont pour suivre le processus pour un.e salariée en insertion.

Quand M. Dupont vient s’inscrire dans l’une des associations intermédiaires du GAIN, il est reçu par un·e conseiller·ère d’insertion professionnelle. Ils construisent ensemble son projet professionnel afin que des missions lui soient proposées en fonction de ses objectifs.

En parallèle, nous recevons au GAIN une demande de la part d’une entreprise et la transmettons à l’association intermédiaire concernée par ce territoire. La mission correspondant à ce que M. Dupont recherche en matière de localisation et de tâches, son association intermédiaire lui propose l’offre de l’entreprise.

M. Dupont accepte l’offre et est donc mis à disposition de l’entreprise pendant la durée convenue. Cela lui permet de monter en compétences et de se forger une expérience sur un métier pour lequel il n’avait pas nécessairement de qualifications. En effet, pour la majeure partie, les personnes en insertion ont des profils peu qualifiés.

Dans certains cas, les salariés en insertion peuvent être amené·e·s à poursuivre leurs missions avec la même entreprise et se voir proposer un emploi. Dans d’autres cas, l’expérience acquise leur permettra, avec l’aide de leur conseiller·ère d’insertion professionnelle, de postuler à des offres d’emploi et de retrouver un emploi pérenne.

Même si les missions ne débouchent pas sur de l’emploi direct, elles permettent dans tous les cas aux salariés de découvrir de nouveaux secteurs d’activité, d’élargir leurs expériences, de vérifier les savoir-être (arriver à l’heure, respecter les consignes, etc.), de montrer leur capacité à s’organiser (garde d’enfants, transport) et à soutenir un rythme de travail dans la durée. Ces missions leur permettent aussi avant tout de reprendre confiance et enfin elles facilitent leur insertion sociale et professionnelle.